Commentaires | Depuis Bozburun, nous tirons un grand bord à la voile vers le nord. La carène de Blue Gin recouverte pendant l'hivernage d'une peinture sous-marine autolissante devient plus propre de jour en jour. Aussi, lorsqu'un beau voilier de location tout neuf cherche à nous passer au vent, notre fier navire ne s'en laisse pas compter et en quelques milles et virements de bord rondement menés, il laisse ce jeunot à peine sorti de chantier à plusieurs encablures. Non mais !!! Fiers comme un bar-tabac (!), nous pénétrons dans la baie de Kuruca Bükü (1) où nous trouvons un mouillage paisible si l'on fait exception de ce jeune pêcheur qui mettra une bonne demi-heure avant de démarrer son vieux moteur hors bord à coup de lanceur. Ces turcs sont, non seulement accueillants, mais aussi, bien courageux. Au moment où je lui propose de l'assister (avec mon moteur tout neuf), le sien se met à tousser puis démarre enfin. Remerciements pour mon aide, grand sourire, au revoir et le voilà parti vers son destin. Quelques secondes plus tard, la pétarade cesse... son moteur a visiblement rendu l'âme! C'est qu'on ne s'ennuie pas dans les mouillages ! Le lendemain nous rejoignons, toujours sous voiles et au près, le port de Datça (2) situé au nord de la baie du même nom. Nous mouillons à l'extérieur du port, devant les quais de cette agréable petite ville où nous rechargeons la cambuse. Nous y retrouvons l'équipage d'Erispoë, ce beau catamaran de La Rochelle en compagnie duquel nous avions traversé l'an dernier les îles grecques de la mer Egée. Un coup de vent particulièrement vigoureux (près de 40 nœuds à l'anémomètre) nous contraint à la prudence et nous patientons 48 heures dans ce port en surveillant notre nouvelle ancre qui se comporte parfaitement. Nous pousuivons notre exploiration de la baie en rejoignant, au près et par force 5 à 6 le petit port de Palamut (3) où nous passons une nuit calme après les belles sensations de la journée. Nous atteignons le lendemain l'extrémité ouest de la baie et posons notre ancre devant les ruines de l'amphitéatre, dans le port antique de Cnide (4). Cette ancienne cité était célèbre pour sa statue d'Aphrodite, première représentation d'une femme nue. Il parait que cette Aphrodite portait chance aux marins qui l'approchaient (de très près je suppose). N'étant pas superticieux et disposant à bord d'une Aphrodite en chair et en os, je suis resté sagement à bord. |